Patrick Dubost
(inediti)
traduzione dal francese di Giuliano Ladolfi
Les trains sous la mer
1
J’ai pris le train
pour Buenos Aires.
Un train qui va sous la mer.
Il fait une nuit éternelle
dans ce train sous la mer.
Le temps se compte en heures de nuit.
2
C’est un grand silence
à voyager sous la mer.
On entend quand même
les accords au lointain.
On les entend déjà quelques milliers
de kilomètres avant d’arriver.
Les sons portent loin sous la mer.
3
Quelques milliers de kilomètres
avant d’arriver, on aperçoit
les premiers danseurs.
On devine avant même
d’entendre la musique on sait
qu’ils fabriquent la musique
par la danse.
4
Lorsqu’ils sont endormis (ou
simplement immobiles) la
musique engendre la danse.
La musique, avec plusieurs milliers
de kilomètres d’avance, invente
les danseurs sous la mer.
5
Les danseurs de Buenos Aires
ne savent rien de ces trains
sous la mer qui
apportent de nouveaux danseurs,
de nouvelles musiques.
Les musiciens de Buenos Aires
ne savent rien de ces cris
sous la mer qui
viennent vers eux et comblent
déjà leurs silences.
I treni sotto il mare
1
Ho preso il treno
per Buenos Aires.
Un treno che va sotto il mare.
È notte eterna
su questo treno che va sotto il mare.
Il tempo si calcola in ore notturne.
2
Grande è il silenzio
a viaggiare sotto il mare.
Si sentono talvolta
accordi in lontananza.
Li abbiamo già sentiti migliaia
di chilometri prima di arrivare.
I suoni conducono lontano sotto il mare.
3
Migliaia di chilometri
prima di arrivare, si scorgono
i primi ballerini.
Si intuisce la musica
già prima di ascoltarla, si è certi
che inventano la musica
attraverso la danza.
4
Quando sono addormentati (o
semplicemente fermi) la
musica genera la danza.
La musica, migliaia
chilometri prima, escogita
i ballerini sotto il mare.
5
I ballerini di Buenos Aires
non sanno nulla di questi treni
sotto il mare che
trasportano nuovi ballerini,
nuove musiche.
I musicisti di Buenos Aires
non sanno nulla di queste grida
sotto il mare, i quali
vengono da loro a riempire
subito i loro silenzi.
Les oiseaux dans un platane
J’ai dansé à
Buenos Aires j’ai dansé
avec toi à Budapest je dansais
avec toi à Bruxelles toute une nuit je
dansais de nouveau avec toi à Hong Kong
à Londres aussi & le lendemain à New York
je dansais avec toi à Paris bien sûr, une fois,
avant de danser à Rome, à Tokyo, Anvers,
Barcelone, Bristol, avec toi toujours
& même à Florence & Gand &
Gainesville, Glasgow,
Hälsingborg,
Utrecht,
j’ai
dansé avec toi
dans une chambre à la campagne
isolée, sans musique, avec juste les bruits d’une
ferme & les mille petits bruits d’une
cour de ferme & plusieurs
dizaines de moineaux
emprisonnés dans
un platane.
Uccelli in un platano
Ho ballato a
Buenos Aires ho ballato
con te a Budapest ballavo
con te a Bruxelles una notte intera
ballavo di nuovo con te a Hong Kong
anche a Londra & il giorno dopo a New York
Ballavo con te a Parigi, ovviamente, una volta,
prima di ballare Roma, a Tokyo, ad Anversa,
a Barcellona, a Bristol, sempre con te
& anche a Firenze & a Gand &
a Gainesville, a Glasgow,
a Hälsingborg,
a Utrecht,
ho
ballato con te
in una stanza di campagna
isolata, senza musica, solo coi rumori di una
fattoria & i mille esili rumori del
cortile di una fattoria & diverse
decine di passeri
imprigionati in
un platano.
Dire & redire
1
Gérer les blocs de silence.
Les ranger dans les recoins adaptés.
Et quand l’espace intérieur est saturé,
faire monter la voix.
Que dit-elle, la voix, lorsqu’elle sort ?
Elle dit que je ne suis pas là.
Elle me suggère de revenir le lendemain.
Alors je reviens le lendemain.
J’apprends.
2
La voix racontait ce que le corps
lui soufflait de raconter.
Elle répétait ce que le corps
lui disait de répéter.
Elle n’avait rien à dire
mais elle disait quand même.
Et ce qu’elle disait, c’était
plus, toujours plus.
Toujours plus que
tout ce qu’elle aurait pu dire.
Toujours plus que tout ce qu’elle
avait toujours rêvé dire.
Mais au final :
avait-elle dit quelque chose ?
Dire & ridire
1
Gestire i blocchi di silenzio.
collocarli negli angoli appositi.
E, quando lo spazio interno è saturo,
intensificare la voce.
Che dice, la voce, quando esce?
Dice: non ci sono.
Mi invita a ritornare il giorno successivo.
Così io torno il giorno successivo.
Imparo.
2
La voce raccontava ciò che il corpo
suggeriva a lei di raccontare.
Ripeteva ciò che il corpo
le diceva di ridire.
Niente aveva mai da dire
ma parlava in ogni caso.
E quello che diceva era
di più, sempre di più.
Sempre di più di
quanto avrebbe potuto dire.
Sempre di più di ciò che lei
aveva sempre sognato di dire.
Ma alla fine:
ha forse detto qualche cosa?
Fotografia dell’autore tratta da LE POING